Pour la première fois depuis 1962, l’Assemblée nationale a renversé un gouvernement en adoptant une motion de censure. Ce mercredi 4 décembre, le gouvernement de Michel Barnier, nommé après la dissolution controversée de l’Assemblée nationale, a été mis en minorité. Avec 331 voix pour, l’alliance inédite entre la gauche et le Rassemblement National a précipité la chute du Premier ministre, après seulement quelques semaines en fonction. Une situation exceptionnelle dans l’histoire de la Ve République.

Un gouvernement fragilisé dès sa nomination

Face à une Assemblée nationale hostile, Michel Barnier avait tenté de faire passer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale en activant l’article 49.3. Cette stratégie, perçue comme un passage en force, a suscité une vive opposition dans l’hémicycle. Le député strasbourgeois de La France Insoumise, Emmanuel Fernandes, a souligné sur le réseau social X que cette situation était inévitable, critiquant « Le méprisant de la République s’est assis sur le résultat des législatives, la réalité lui saute à la figure.

Pour Sandra Regol, députée EELV, ce vote est « C’est un moment historique et solennel« . Une déclaration qu’elle a partagée sur Bluesky, rappelant la gravité et la portée symbolique de ce renversement.

Réactions contrastées à Strasbourg

À Strasbourg, les réactions politiques reflètent le climat national de tension et d’incertitude. Jeanne Barseghian, maire de la ville, a dénoncé sur Facebook la gestion chaotique des affaires publiques au niveau national. Elle a critiqué « des mois d’atermoiements […] situation calamiteuse des finances publiques » ayant conduit à une crise politique majeure. Malgré tout, elle a tenu à rassurer les habitants en affirmant que « les élus locaux continueront de répondre aux besoins du quotidien« .

Pour Irene Weiss, conseillère régionale déléguée du Grand Est, la responsabilité incombe à ceux qui, selon elle, « ont préféré des petits calculs politiciens et ces postures qui affaiblissent nos institutions« . Dans un message publié sur Facebook, elle a néanmoins salué la dignité et le courage de Michel Barnier, qu’elle décrit comme ayant agi avec « une fidélité aux valeurs républicaines« .

De son côté, Patrick Hetzel, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, s’est exprimé sur BFM Alsace. Il a dénoncé « des petits calculs politiciens« .

Une crise institutionnelle profonde

Pour certains observateurs, cette chute du gouvernement révèle une crise plus large de nos institutions démocratiques. Jean-Georges Trouillet, président du mouvement Unser Land, a partagé un diagnostic sévère sur cette situation. Sur X, il a estimé que ce moment marquait l’échec d’un modèle centralisé. Il a pointé du doigt « on a voulu oublier les effets délétères du jacobinisme » ayant conduit à une « dette devenue abyssale« . Trouillet appelle à un profond renouvellement du système politique et à une décentralisation accrue.

Un revers pour Emmanuel Macron

Michel Barnier entre dans l’histoire comme le Premier ministre le plus éphémère de la Cinquième République. Sa chute souligne la fragilité d’un exécutif confronté à une Assemblée nationale profondément divisée. Emmanuel Macron, déjà affaibli par une dissolution controversée, doit désormais gérer une crise politique d’ampleur. Le pays se retrouve sans gouvernement, dans une situation qui restera dans les annales de la Ve République.