Une étude menée dans l’Eurométropole explore la possibilité de surélever les bâtiments pour produire des logements et rénover le parc immobilier.
Des toits pour construire l’avenir
Strasbourg, ville à la fois dense et attachée à son patrimoine, se retrouve face à des défis complexes : répondre aux besoins en logements tout en préservant les espaces naturels et en rénovant les bâtiments existants. Une étude récente, pilotée par l’Université de Strasbourg et l’Eurométropole (EMS), met en lumière une solution encore sous-exploitée : la surélévation des bâtiments. Cette méthode consiste à ajouter un ou plusieurs étages aux immeubles existants, créant ainsi de nouvelles surfaces habitables sans empiéter sur le foncier naturel.
Sur les 17 000 bâtiments identifiés comme ayant un potentiel de surélévation à Strasbourg et dans sa métropole, environ 3 500 pourraient accueillir ces nouveaux étages. Cela représenterait la possibilité de créer jusqu’à 9 000 nouveaux logements, soit 20 % des objectifs de l’EMS en matière de construction de logements d’ici 2035.

Quels bénéfices pour les Strasbourgeois ?
Si cette méthode venait à être pleinement exploitée, elle offrirait plusieurs avantages :
Davantage de logements en zones tendues : Les quartiers comme Neudorf ou la Krutenau, où la demande dépasse l’offre, pourraient bénéficier d’une densification ciblée.
Rénovations énergétiques financées : En vendant les droits d’extension des toits, des copropriétés pourraient financer des travaux de rénovation énergétique. Cela contribuerait à réduire les factures et à améliorer le confort thermique des habitants.
Préservation des sols : Contrairement à l’urbanisation en périphérie, la surélévation n’entraîne aucune artificialisation des terres agricoles ou naturelles.
Des défis importants à surmonter
Cependant, la surélévation n’est pas une solution miracle. Plusieurs obstacles freinent sa mise en œuvre :
Contraintes techniques : Certains bâtiments, notamment les plus anciens, ne sont pas conçus pour supporter des charges supplémentaires sans travaux structurels importants.
Réglementations strictes : Les secteurs patrimoniaux, comme le centre-ville ou certains quartiers historiques, imposent des limites en termes de hauteur et d’esthétique.
Acceptation des projets par les habitants : Dans les copropriétés, obtenir l’accord des résidents peut s’avérer complexe et ralentir les démarches.
Viabilité économique : Dans certains secteurs, les prix du marché immobilier ne justifient pas toujours le coût d’une surélévation, rendant les projets peu rentables.
Une opportunité pour les rénovations thermiques
Un autre aspect étudié concerne l’utilisation des bénéfices générés par la surélévation pour financer la rénovation énergétique des bâtiments. Actuellement, seuls 3,84 % des copropriétés et 7,5 % des logements sociaux de l’EMS pourraient bénéficier de cette approche. À Strasbourg, où l’on estime que 60 % des bâtiments nécessitent une rénovation thermique, cette méthode ne suffirait pas à répondre aux besoins massifs. Cependant, elle pourrait être ciblée sur les immeubles les plus dégradés.

Zoom sur un cas spécifique : l’Espace Européen de l’Entreprise
Dans le quartier de l’Espace Européen de l’Entreprise (EEE), à Schiltigheim, l’étude identifie un potentiel unique. Ce secteur pourrait accueillir 3 700 nouveaux logements en surélevant des bâtiments tertiaires. Une telle opération favoriserait une mixité fonctionnelle en y introduisant des logements. Cependant, ces projets nécessitent une coordination étroite entre les acteurs publics et privés pour devenir réalité.
Une réflexion globale à développer
Pour les habitants de Strasbourg, cette étude ouvre de nouvelles perspectives. La surélévation des bâtiments pourrait s’inscrire comme un outil complémentaire pour répondre à la crise du logement et soutenir la transition écologique. Cependant, elle devra être accompagnée de politiques ambitieuses :
Simplifier les démarches administratives pour encourager les projets de surélévation.
Proposer des aides financières ciblées pour les copropriétés et les bailleurs sociaux.
Sensibiliser les habitants aux avantages de cette démarche, notamment en termes d’économies d’énergie et de limitation de l’étalement urbain.
En somme, les toits de Strasbourg pourraient devenir un levier stratégique pour construire la ville de demain. Mais leur exploitation demandera une approche réfléchie, équilibrant préservation du patrimoine, innovation urbaine et bien-être des Strasbourgeois.
