Alors que la crise politique atteint son paroxysme en France avec un nouveau recours au 49.3 par le gouvernement Barnier, les soutiens locaux d’Emmanuel Macron brillent par leur silence. À Strasbourg, ville qui avait massivement voté pour le président en 2022, cette absence de réaction de la part des figures locales surprend. Parmi elles, Pierre Jakubowicz illustre parfaitement l’embarras des macronistes face à une présidence de plus en plus contestée.
Le soutien sans faille en 2022
Lors de la réélection d’Emmanuel Macron en avril 2022, Pierre Jakubowicz affichait une fierté sans réserve. Il saluait Strasbourg sur X, « capitale européenne et des Droits de l’Homme », qui avait offert un score écrasant de 77,65 % au président. Quelques semaines auparavant, son enthousiasme était palpable lorsqu’il déclarait sur X : « Incroyable rassemblement autour d’Emmanuel Macron. L’amour de la France et la passion de continuer à agir pour elle ! »
Ces déclarations traduisaient un soutien sans ambiguïté, avec l’espoir que ce second mandat serait marqué par des réformes ambitieuses et un engagement renouvelé pour l’Europe et la démocratie. Pourtant, deux ans plus tard, ce discours semble bien loin. Face à la multiplication des 49.3, au mécontentement généralisé et à une présidence jugée autoritaire, les soutiens de la première heure se font aujourd’hui beaucoup plus discrets.
Un président au plus bas dans les sondages
Ce silence contraste avec le contexte actuel. Emmanuel Macron atteint des records historiques d’impopularité, reflet d’une France en proie à une crise sociale et politique majeure. Le recours systématique au 49.3 pour imposer des réformes impopulaires, notamment sur les retraites ou le budget, illustre l’isolement d’un président incapable de rassembler même au sein de sa propre majorité.
Dans ce climat tendu, les soutiens d’hier, comme Pierre Jakubowicz, n’ont émis aucune critique, ni pris la défense du gouvernement. Une situation qui interroge : comment expliquer que des personnalités si vocales en 2022 se retrouvent aujourd’hui dans un mutisme total ? Est-ce le signe d’un désaveu tacite ou simplement une stratégie pour éviter d’assumer un bilan qui devient de plus en plus lourd à porter ?

Des revirements politiques en série
Le parcours de Pierre Jakubowicz n’en est pas à son premier virage. Avant de devenir un fervent défenseur d’Emmanuel Macron, il était un partisan actif de Bruno Le Maire, alors membre de l’UMP. En 2014, il ne cachait pas son soutien à celui qui deviendra plus tard ministre de l’Économie, utilisant des hashtags tels que #AvecBLM et multipliant les références à l’Alsace et à l’UMP.

Plus surprenant encore, en 2016, Jakubowicz critiquait directement Emmanuel Macron, qu’il qualifiait de « pas loyal » et « pas socialiste », tout en s’interrogeant sur le flou de ses propositions. Durant cette période, Pierre Jakubowicz était un soutien de Jean-Pierre Raffarin, avant de se tourner vers Emmanuel Macron quelques années plus tard.

Ce type de revirement, bien que courant en politique, soulève des questions sur la constance et les convictions de ces soutiens qui, au fil des opportunités, changent de cap.
Un silence révélateur de malaise
Aujourd’hui, l’absence de réaction des soutiens strasbourgeois face à la crise politique en cours semble symptomatique d’un profond malaise. Ce mutisme contraste fortement avec l’engouement de 2022 et pourrait traduire un embarras face aux pratiques d’un pouvoir jugé de plus en plus déconnecté des citoyens.
Plus largement, ce comportement met en lumière une constante dans le macronisme : une absence de loyauté et une propension à l’opportunisme. À force de se repositionner en fonction des vents politiques, ces soutiens finissent par perdre toute crédibilité auprès des électeurs.



Les leçons de l’histoire
Ironiquement, Pierre Jakubowicz avait lui-même mis en garde contre Emmanuel Macron en 2016. Aujourd’hui, ce jugement semble s’appliquer aussi à ceux qui, comme lui, ont rallié le président en cours de route. Ce silence face à la crise actuelle démontre qu’ils n’assument plus ce soutien, mais refuse également d’en tirer les conséquences.
En fin de compte, à Strasbourg comme ailleurs, le macronisme semble avoir perdu le souffle de ses débuts, laissant derrière lui des soutiens désabusés et des électeurs en quête d’une alternative. Reste à savoir qui ces derniers soutiendront lors des prochaines élections présidentielles et si de nouveaux transferts de soutien se produiront, ou si un véritable changement de cap s’imposera.
