Le 20 novembre 2024, l’Université de Strasbourg avait interdit la tenue d’une conférence de Rima Hassan, une décision qui avait suscité de vifs débats dans la sphère publique. Nous avions relaté cette controverse dans un précédent article.
Quelques jours plus tard, le 26 novembre, Rima Hassan s’est rendue devant le tribunal administratif de Strasbourg pour contester cette interdiction. L’objectif était clair : obtenir la suspension de cette décision qu’elle considérait comme une atteinte à sa liberté d’expression et à ses droits fondamentaux.
Une arrivée sous tension
À son arrivée au tribunal, Rima Hassan a été accueillie par un groupe de militants pro-Israël scandant des slogans comme « C’est légitime le Hamas ? Non au terrorisme », illustrant une atmosphère déjà tendue autour de cette affaire. Ces manifestants dénonçaient les positions de Rima Hassan, qu’ils associent à un soutien au Hamas, bien que l’intéressée se soit défendue de telles accusations.
Le tribunal administratif a finalement donné raison à Rima Hassan, jugeant que l’interdiction de sa conférence n’était pas justifiée. Cette décision, saluée par ses soutiens, a également ravivé les tensions entre ses détracteurs et ceux qui défendent la liberté d’expression.
L’échange avec Pernelle Richardot
Peu après cette victoire juridique, Rima Hassan s’est exprimée sur les réseaux sociaux, ciblant directement Pernelle Richardot, figure du Parti Socialiste à Strasbourg. Dans son message, elle a accusé l’élue de » s’être exprimée en faveur de l’interdiction de sa conférence en parlant de groupuscules islamistes« . Elle a qualifié Pernelle Richardot d’ »islamophobe assumée du PS« , ajoutant que « personne n’oubliera« .

Cette attaque faisait référence à une déclaration précédente de l’élue socialiste, qui avait affirmé : « Il est temps que nos universités arrêtent de servir de tribune aux soutiens de groupuscules islamistes. »
Pernelle Richardot n’a pas tardé à répondre, qualifiant l’accusation d’islamophobie de « l’insulte des lâches, des prêcheurs de haine« . Cet échange a cristallisé les clivages autour de cette affaire, mobilisant des soutiens mais aussi de nombreux critiques.
Soutiens nombreux pour Pernelle Richardot, mais un silence autour de Rima Hassan
À Strasbourg, les soutiens à Pernelle Richardot ont afflué, aussi bien de la part de personnalités politiques que de militants locaux. Mathieu Cahn, ancien adjoint au maire PS, a appelé le Parti Socialiste à rompre « toute relation avec ces gens« .
Édouard Bailhache, chef de cabinet de Brigitte Klinkert, a dénoncé une attaque contre Pernelle Richardot menée par « l’égérie de l’entrisme islamique« . Catherine Trautmann, ancienne maire de Strasbourg, a déclaré qu’ »attaquer Pernelle Richardot de cette manière est contraire à la liberté d’expression« .
D’autres figures politiques locales, comme Thierry Sother et Elsa Schalck, ont également apporté leur soutien à l’élue socialiste. Sother a salué son engagement « qui n’a plus besoin de preuves« , tandis que Schalck a exprimé son soutien sans équivoque.

Cependant, du côté de Rima Hassan, les soutiens locaux se font rares. Que ce soit dans les milieux politiques, associatifs ou même parmi les citoyens strasbourgeois, peu de voix se sont élevées pour défendre son combat. Ni Emmanuel Fernandes, député de La France Insoumise, ni Sandra Regol, députée EELV, n’ont pris position sur cette affaire. Même les élues de la municipalité strasbourgeoise, pourtant souvent promptes à intervenir sur des sujets liés aux libertés fondamentales, sont restées silencieuses.
Ce manque de soutien public illustre à quel point cette affaire divise, mais aussi combien elle met mal à l’aise une partie des responsables politiques, qui préfèrent ne pas s’exprimer.

Une affaire qui dépasse les frontières du campus
Cette controverse, bien qu’ancrée dans un contexte universitaire, illustre des fractures bien plus larges au sein de la société strasbourgeoise et française. Elle soulève des questions fondamentales sur la liberté d’expression, les limites du débat public, et la gestion des tensions communautaires.
Si Rima Hassan a remporté une bataille juridique, elle reste une figure isolée dans ce débat polarisant. Quant à Pernelle Richardot, son engagement lui a valu de nombreux soutiens, mais aussi des critiques, témoignant de la difficulté à naviguer dans ces eaux politiques complexes. Strasbourg, une fois de plus, se trouve au cœur d’un débat national où se mêlent liberté d’expression, lutte contre l’extrémisme et respect des valeurs républicaines.
