Mercredi 29 novembre, un rassemblement a eu lieu devant l’hôtel du département à Strasbourg pour dénoncer une situation insupportable : des enfants scolarisés qui dorment à la rue. Cette manifestation, marquant également les 35 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, soulève des interrogations sur les priorités des politiques publiques. Les enseignants et militants demandent l’ouverture immédiate de logements vacants dans les collèges alsaciens, notamment au collège Lezay-Marnésia, où plusieurs élèves vivent dans des conditions indignes.
Des enfants à la rue : une crise humanitaire et scolaire
Au collège Lezay-Marnésia, situé dans le quartier de la Meinau, huit élèves sans-abri survivent dans des conditions précaires. Face à l’inaction des autorités, l’établissement a dû transformer son CDI en hébergement temporaire pour certaines familles. D’autres ont été accueillies chez des enseignants. Les impacts sont lourds : ces enfants arrivent en classe fatigués, épuisés par des nuits dans le froid, et peinent à suivre les apprentissages. L’école, censée être un refuge, devient pour eux un lieu de survie. Selon les enseignants mobilisés, cette situation est le reflet d’un problème structurel croissant à Strasbourg, où la solidarité locale supplée les manquements des institutions.

Des logements inoccupés : des solutions bloquées
La Collectivité européenne d’Alsace (CeA), gestionnaire des établissements, dispose pourtant de solutions concrètes. Selon des données internes, 162 logements de fonction sont inoccupés dans les collèges alsaciens, dont deux directement au sein de l’établissement Lezay-Marnésia. La CeA met en avant des contraintes administratives, des normes de sécurité et des problématiques budgétaires pour justifier son inaction.
Une mobilisation face à l’inaction des autorités
Les enseignants et militants dénoncent cette inertie. Depuis des mois, ils demandent que ces logements soient mis à disposition des élèves sans-abri. Des discussions ont eu lieu avec Nicolas Matt, vice-président de la collectivité chargé de la jeunesse, mais elles n’ont pas permis de débloquer la situation. Celui-ci renvoie la responsabilité vers l’État, soulignant la pression exercée par l’accueil croissant des mineurs non accompagnés en Alsace. Pourtant, cette justification ne convainc pas : les logements vides pourraient être utilisés immédiatement pour soulager une partie de cette crise.




Une lutte pour la dignité
Face à ces blocages, les enseignants restent déterminés. Ils rappellent que la France est signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant, qui garantit le droit à un logement, à une éducation de qualité et à la protection. Laisser des enfants dormir à la rue, alors que des solutions existent, est perçu comme une atteinte grave à ces principes. Ils appellent à une action rapide et coordonnée entre l’État et la CeA pour ouvrir ces logements inoccupés.
Ce rassemblement témoigne d’une crise à la fois sociale et politique, où la solidarité locale supplée aux carences institutionnelles. La mobilisation reste forte, et les enseignants comme les militants promettent de poursuivre leur combat jusqu’à ce que ces enfants puissent enfin retrouver un toit et un cadre de vie digne.
