Rencontre avec Cem Yoldas, porte-parole de la Jeune Garde à Strasbourg

Cem Yoldas, figure montante de la Jeune Garde et activiste antifasciste, s’affirme dans le paysage politique strasbourgeois avec un discours revendicatif et fédérateur. Il partage une vision de l’engagement antifasciste, pour lequel il milite depuis plusieurs années. Dans cet entretien, il revient sur les origines de son engagement et les valeurs qu’il défend, aux côtés de diverses forces progressistes locales.

Un projet politique porté par la jeunesse

« C’est un projet politique qui m’importe depuis longtemps, » explique Cem Yoldas d’un ton déterminé. « Ça fait maintenant, je dirais, quatre ans qu’on a lancé les Portes Parolas avec la Jeune Garde. C’était moi et Raphaël au début. On s’est lancé notamment pour amener un contre-discours à Génération Identitaire, qui était beaucoup sur les médias. C’est ce qu’on a essayé de faire. C’est pour ça qu’on essaie de montrer aussi un visage de l’antifascisme. »

S’inscrivant dans un contexte d’actions militantes locales, la Jeune Garde s’est fixée comme mission de contrer l’extrême droite et de proposer une alternative aux mouvements identitaires.

« En fait, c’est venu de manière très pragmatique, » confie-t-il. « Il y avait des racistes dans la rue qui commettaient des agressions, qui attaquaient le mouvement social, des manifestations, des rassemblements de gauche. Moi, tout de suite, j’ai dit que ce n’était pas possible. Venez, on fait quelque chose. »

Des alliances locales et diverses

Militant affirmé, Cem Yoldas travaille en étroite collaboration avec de multiples acteurs locaux.

« Nous, on travaille à l’unitaire, on travaille localement avec la CGT, avec la France Insoumise, avec les communistes, avec des écologistes aussi, mais aussi avec des associations, que ce soit le Planning familial, d’autres organisations féministes, et des organisations de solidarité internationale, que ce soit avec le peuple kurde ou le peuple palestinien. » Cette diversité d’alliances permet à la Jeune Garde de se construire une légitimité locale et d’ancrer ses actions dans une dynamique unitaire.

Pour Cem, cette convergence des luttes est un élément clé pour offrir une réponse solide face aux menaces de l’extrême droite.

« Les gens n’avaient pas forcément confiance en eux-mêmes déjà, ni dans la force collective. Et avec la Jeune Garde, c’est ce qu’on a réussi à montrer. C’est que lorsqu’on s’organise, lorsqu’on se structure ensemble, lorsqu’on se fait confiance aussi, on arrive à faire reculer l’extrême droite. Ça, on l’a prouvé. »

© Jeune Garde Strasbourg / Facebook

La mémoire familiale et l’engagement personnel

Cem Yoldas nourrit un lien personnel avec l’histoire de l’oppression et de la discrimination.

« Moi, je suis d’origine kurde et alevi, nous, on sait ce que c’est l’oppression, on sait ce que c’est d’être discriminé, on sait ce que c’est d’être soumis à l’assimilation, » témoigne-t-il. « C’est ça aussi qui m’a orienté vers l’engagement à gauche. »

Cependant, Cem déplore un manque de représentation des personnes issues de l’immigration au sein des partis de gauche.

« Les personnes qui viennent, qui sont issues de l’immigration, elles sont très peu représentées à gauche, mais non pas à cause des personnes issues de l’immigration, mais aussi par la faute d’une certaine gauche qui a encore cette vocation civilisatrice. Cela fait que beaucoup de personnes issues de l’immigration ne peuvent pas s’exprimer comme elles le veulent dans ces structures-là, et du coup s’en détournent. »

Un constat qu’il étend aux hautes sphères politiques françaises, en particulier à l’échelle nationale.

« À l’Assemblée nationale, on a regardé les photos de famille. Il y a très peu de personnes issues de l’immigration, ou que ce soit sur la politique locale. Aujourd’hui, on le voit, effectivement, c’est très centre-ville, c’est très blanc, il faut le dire. »

Affronter la violence sans fléchir

Malgré les difficultés, Cem Yoldas affiche une détermination intacte. Il cite en exemple l’attaque récente contre le comité de solidarité avec la Palestine, où une quinzaine de néo-nazis armés ont été repoussés par un groupe d’étudiants :

« Ils sont venus très confiants, et ils se sont fait repousser très vite. Ils sont très vite repartis en courant dans l’autre sens.« 

Inspiré par des figures telles que Selahattin Demirtaş, Ibrahim Kaypakkaya, ou encore George Wodli, Yoldas se fixe comme règle de ne jamais reculer.

« Lorsque je regarde mes modèles, ils n’ont jamais baissé la tête. Aujourd’hui, moi j’essaie de me fixer cette rigueur-là, c’est que j’ai commencé en ne baissant pas les yeux face à l’extrême droite. Je ne baisserai pas les yeux aujourd’hui, quel que soit le niveau de violence en face. »

Une vision pour l’avenir

À travers cet engagement fort, Cem Yoldas et la Jeune Garde s’imposent comme des acteurs incontournables de la scène militante strasbourgeoise, déterminés à poursuivre leur combat contre l’extrême droite et à ouvrir la voie à une société plus inclusive et égalitaire. Leur action, ancrée dans un discours de solidarité et de lutte, trace une perspective claire pour une jeunesse qui refuse de baisser la tête.